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Association
des Sénats d'Europe |
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Réunions
précédentes
Création de
l'association des Sénats d'Europe,
Palais du Luxembourg, Paris, 8 novembre 2000
Compte rendu des débats
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M. Christian
Poncelet, président du Sénat de la République française :
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir aujourd'hui, au Palais du Luxembourg,
pour fonder avec vous, entre les assemblées que nous présidons, l'Association des
Sénats d'Europe.
Cette idée, que je soumets aujourd'hui à votre appréciation, ce projet que je vous
propose de concrétiser, résulte d'une double conviction :
- la première, c'est que je crois aux vertus du bicamérisme ;
- la seconde, c'est que les assemblées parlementaires ont un rôle fondamental à
jouer dans la construction européenne.
Si nous sommes aujourd'hui rassemblés ici, c'est, par définition, parce que nous
appartenons à des Parlements bicaméraux. Bien que cette réalité soit souvent méconnue
et parfois contestée, nous connaissons l'apport bénéfique du bicamérisme en termes de
meilleure représentation des hommes, des territoires et des activités. Nous sommes
convaincus que la navette parlementaire améliore la qualité de la production
législative, parce qu'elle assure un plus grand respect du principe du contradictoire,
laisse le temps de la maturation et permet à un nombre accru d'avis différents de
s'exprimer. Bref, elle renforce le caractère démocratique de l'élaboration de la loi.
Enfin, une assemblée parlementaire qui ne partage pas toujours la même majorité
politique que celle qui soutient le gouvernement contribue mieux à un contrôle efficace,
efficient, réel et dépassionné de l'action de l'exécutif.
Vous le savez, je suis personnellement un défenseur, un adepte et un promoteur du
bicamérisme. Je suis également favorable à une coopération active entre Sénats ou
secondes chambres.
C'est la raison pour laquelle le Sénat français avait pris l'initiative de la réunion
du 14 mars dernier, à laquelle la plupart de vos assemblées étaient représentées et
où j'ai eu le plaisir de vous accueillir. Le Forum des Sénats du Monde a permis de
parvenir à une meilleure compréhension du phénomène bicaméral et de prendre la mesure
de son importance et de sa diversité. Il a d'ores et déjà conduit à un regain de
réflexion sur le bicamérisme. Le Forum a sans nul doute apporté sa contribution à la
réunion des Présidents de Parlements du monde entier, organisée par l'Union
interparlementaire, à la fin de l'été, à New York, dans la perspective de l'Assemblée
générale des Nations Unies du millénaire. Il a et aura des prolongements concrets, par
des réunions des Sénats de certaines régions du monde.
Mais entre Européens, nous nous devons de faire plus.
Alors que s'achevait le deuxième conflit mondial qui, à bien des égards, fut une guerre
civile européenne, et qu'une moitié de notre continent tombait sous le joug de l'Union
soviétique, un espoir se fit jour. En devenant réalité, cet espoir qui prit nom
" Communauté économique européenne " a permis la réconciliation
entre la France et l'Allemagne, ainsi que la mise en place d'une zone pacifique,
démocratique et prospère à l'Ouest de l'Europe.
Il y a quelque dix ans, après la chute du mur de Berlin et du rideau de fer, et grâce à
l'effondrement de l'Empire soviétique, la perspective tant attendue des retrouvailles de
la grande famille européenne prit corps. Les peuples qui avaient été coupés de leurs
racines ont repris la place que l'histoire, la géographie et la culture leur avaient
léguée en Europe.
Aujourd'hui, l'Union européenne occupe une place déterminante dans la vie de nos
Etats,
de nos gouvernements, de nos concitoyens. Que nous y appartenions, que nous aspirions à y
adhérer ou qu'elle constitue un élément majeur de notre environnement immédiat,
l'Union européenne représente un pôle d'attraction fort dans de nombreux domaines.
C'est dans son cadre que sont élaborées des normes par rapport auxquelles ou en fonction
desquelles nous légiférons. Les gouvernements que nous contrôlons lui consacrent une
part importante de leur temps et de leur activité. De façon plus générale, l'Union
européenne nous amène à comparer, voire à adapter, certaines de nos organisations
internes qui nous semblent légitimes parce qu'ancrées dans nos traditions et répondant
à des besoins réels de nos concitoyens.
Mais je ne voudrais pas donner l'impression d'une vision trop réductrice de l'Union
européenne.
Je sais combien ses six, neuf, dix, douze puis quinze Etats membres lui doivent. Je sais
également que sans être une garantie, la construction européenne constitue une
assurance pour bâtir ensemble un continent réconcilié, libre, solidaire et prospère.
Mes chers collègues, c'est fort de cette double conviction - les vertus du
parlementarisme bicaméral et notre destin européen commun - que je vous propose
aujourd'hui de coopérer dans le cadre d'une Association des Sénats d'Europe.
Certes, il existe déjà plusieurs enceintes de concertation. Certains d'entre nous
participent tous les ans à la Conférence des Présidents de Parlements de l'Union
européenne. Nos assemblées respectives sont représentées à la Conférence des organes
spécialisés dans les affaires communautaires des Parlements des Quinze. Pour autant, il
n'existe à ce jour aucun cadre de coopération propre aux chambres hautes de la grande
Europe. Tel est bien le projet que je vous soumets aujourd'hui.
Concrètement, l'Association sera une structure légère mais pérenne, fonctionnant à
deux niveaux, politique et administratif. Rassemblant des assemblées parlementaires,
l'Association fournira le cadre de réunions, au moins une fois par an, de leurs
Présidents.
Il me semble que ces réunions seront plus profitables si, consacrées à des thèmes
précis et déterminés à l'avance d'un commun accord, elles permettent à chacun d'entre
nous de faire profiter les autres de sa propre expérience. De ces échanges résultera un
élargissement de l'horizon de chacun et un enrichissement mutuel. Les thèmes discutés
devraient être choisis parmi les sujets d'intérêt commun. J'en recenserai quelques-uns,
à titre d'exemple et sans prétention d'exhaustivité : le contrôle de la politique
européenne par les deuxièmes chambres, les deuxièmes chambres et l'application du
principe de subsidiarité, ou les deuxièmes chambres comme illustration des
spécificités nationales... De même, certains d'entre nous pourraient se charger
d'approfondir certains points et de réaliser des études plus précises.
Le niveau administratif de l'Association aura vocation à maintenir le lien entre ses
membres, durant la période séparant deux réunions de Présidents. Il appartiendra à
chacun d'entre nous de désigner un correspondant de l'Association au sein de nos
administrations parlementaires respectives. Outre la tâche de nous seconder dans nos
réunions périodiques, les collaborateurs que nous désignerons pourraient être chargés
de faciliter l'échange d'informations et d'expérience entre les membres de
l'Association. Ainsi, des stages de fonctionnaires pourraient être organisés. De même,
des bases de données pourraient être constituées pour élargir le champ de
l'information disponible à chaque assemblée.
La création d'un site internet spécifique, à partir de liens entre les sites de chacune
de nos assemblées, permettrait à la fois de mieux faire connaître notre démarche et de
faciliter les contacts entre membres de l'Association.
Mes chers collègues, je suis persuadé que le projet que je soumets aujourd'hui à votre
appréciation répond à un véritable besoin et fournira le cadre d'une coopération
utile, pratique et adaptée. J'espère que vous partagez avec moi cette conviction. Votre
présence aujourd'hui m'incite à le penser. Aussi, sans exagérer le formalisme de cette
démarche, il me semble néanmoins nécessaire de déterminer les principes directeurs qui
présideront au fonctionnement de notre Association. Je vous propose donc de donner à
notre réunion d'aujourd'hui un caractère exclusivement fondateur.
C'est pourquoi il me semble opportun, si vous êtes d'accord sur le principe, de
commencer
par examiner ensemble le projet de statuts que nous devrions adopter
pour lancer concrètement l'Association.
Dans un second temps de notre discussion de ce matin, je vous suggérerai de
fixer
d'ores et déjà le lieu, la date et le ou les thèmes de la première véritable réunion
de l'Association des Sénats d'Europe et de la suivante.
Mes Chers Collègues, vous avez la parole.
Je vous propose de donner d'abord la parole à ceux d'entre vous qui souhaitent faire une
intervention d'ordre général.
Quand ce débat général sera terminé, nous passerons à l'examen du projet de statuts.
M. Frédéric Korthals Altes, Président de la première chambre des Etats généraux
des Pays-Bas :
M. le Président, mes chers collègues, mes premiers mots seront pour remercier de tout
coeur M. Christian Poncelet pour son initiative de constituer l'Association des
Sénats d'Europe.
Le Sénat néerlandais salue chaleureusement cette entreprise. Nous avions déjà applaudi
à l'idée lancée par le Sénat français le 14 mars de cette année et visant à
organiser le Forum des présidents et de deux délégués de tous les Sénats du monde.
Cette initiative fut ensuite suivie de celle du Président du Sénat français et du
Président de l'Assemblée nationale, M. Raymond Forni, d'offrir le 1er
septembre, lors de la rencontre réunissant à New York les présidents des Parlements des
pays de l'ONU, un repas en l'honneur des présidents des parlements des pays de l'Union
européenne. Aujourd'hui, nous sommes à nouveau réunis à Paris en ce lieu historique
sous la présidence française de l'Union européenne afin de jeter les bases d'un avenir
commun pour les Sénats d'Europe.
Le Sénat néerlandais tient à apporter son plein concours à la constitution d'une
Association des Sénats d'Europe et cela à plusieurs titres. En premier lieu, il est bon,
dans un monde et sur un continent où les peuples se rapprochent de plus en plus les uns
des autres et où l'interdépendance ne cesse de prendre de l'importance, de s'engager sur
la voie du renforcement et de la coopération entre ceux qui représentent ces peuples.
Voilà pourquoi il est bon que les Présidents des Parlements des Etats Membres de l'Union
européenne et le président du Parlement européen se réunissent une fois chaque année.
J'attache une importance considérable à ces réunions. Il est également des plus
appropriés que les Présidents des Sénats d'Europe, qui dans leur action procèdent par
des méthodes de travail et des accents différents de ceux des Chambres des députés, se
rencontrent régulièrement.
En deuxième lieu, et ceci marque sans doute la particularité des Pays-Bas, cette
coopération est de nature à renforcer nos assises dans nos propres pays et en Europe. Le
Sénat néerlandais a été créé en 1815, à l'époque de l'Union formée entre les
Pays-Bas du Nord et la Belgique. De cette union, qui fut historiquement brève, les
Pays-Bas ont conservé avec gratitude le bicamérisme, système que les Belges étaient
parvenus à imposer. Peut-être est-ce la raison pour laquelle le statut du Sénat
néerlandais fait l'objet de tant de débats. Au mois de janvier de cette année, le
ministre néerlandais de l'Intérieur a remis un rapport comportant des réflexions, mais
aucune proposition concrète sur la première chambre. Lors de l'examen de ce rapport dans
notre enceinte, nous avons pu puiser dans la masse précieuse de documentation remise par
le Sénat français lors de la réunion du 14 mars et axée sur le thème " le
bicamérisme, une idée d'avenir ". Grâce à cette documentation, le débat
engagé dans mon pays pourra gagner en profondeur.
En troisième lieu, ces rencontres nous permettent de procéder à des échanges
d'expériences, notamment dans le domaine de l'association des parlements nationaux au
processus législatif européen et en matière de contrôle de la qualité de la mise en
oeuvre des textes communautaires. A l'issue de longs débats, le Sénat néerlandais a
fait la semaine dernière un pas important vers l'amélioration du contrôle de la
législation européenne et vers une intervention plus active lors de l'élaboration des
directives européennes. La deuxième chambre des Etats généraux, la chambre des
députés, examine chaque semaine l'ordre du jour du Conseil avec les ministres et les
secrétaires d'Etats concernés. Le Sénat néerlandais, dans le souci d'éviter tout
rôle à caractère redondant, préfère réserver son intervention au contrôle
qualitatif des textes. Par ailleurs, n'oublions pas que l'exercice du droit d'approbation
des décisions liant les Etats membres prises dans le cadre du troisième pilier, revient
de manière égale aux deux chambres néerlandaises et exige une grande préparation. Pour
nous, les futures rencontres annuelles qui se tiendront dans le cadre de l'Association des
Sénats d'Europe auront pour but de promouvoir des échanges d'expériences et de bonnes
pratiques. Pour ces diverses raisons, nous approuvons avec enthousiasme la constitution de
cette Association. A notre sentiment, les statuts proposés contiennent toutes les
dispositions nécessaires sans rien de superflu. Le Président du Sénat de la République
française, le Secrétaire général et son équipe ont accompli un excellent travail,
parvenant à concrétiser le concept selon lequel le bicamérisme est une idée d'avenir.
Merci.
Mme Alicja Grzeskowiak, Présidente du Sénat de Pologne :
M. le Président, Mesdames et Messieurs, au nom du Sénat de la République de Pologne, je
tiens à exprimer notre ferme soutien à l'initiative de créer l'Association des Sénats
d'Europe. Je tiens à remercier le Président du Sénat français, M. Poncelet, pour cette
initiative que je considère très importante et utile. Nous fondons de grandes
espérances sur la création de l'Association des Sénats d'Europe afin de développer les
contacts, d'échanger des expériences entre Sénats des pays européens. Jusqu'à
présent, prédominaient les contacts bilatéraux. L'Association permettra des contacts
multilatéraux. Le Sénat polonais, dont la riche tradition remonte à la fin du XVe
siècle est une institution parlementaire moderne et jeune. Dans la forme actuelle, il n'a
été rétabli qu'en 1989 ; le rétablissement du Sénat symbolisait alors la fin du
règne des communistes en Pologne. Le Sénat polonais était très ouvert aux contacts
parlementaires internationaux et, au cours des deux premières années de son existence, a
noué des relations avec les Chambres hautes de presque tous les pays européens et
également avec certains pays en dehors de l'Europe. Les fruits de ces relations
revêtaient fréquemment non seulement la forme de visites officielles, mais également de
visites d'études et d'échanges d'expériences de travail. Nous sommes très
reconnaissants pour cette aide dans cette période pionnière. Le Sénat polonais,
supprimé par les communistes après la deuxième guerre mondiale pour presque 50 ans, a
dû reconstituer sa tradition en prenant en compte l'évolution démocratique qu'a connue
le fonctionnement des systèmes parlementaires dans le monde libre. Personnellement, je
garde un souvenir très reconnaissant des visites d'études au Sénat de la république
française effectué en 1990 et 1991. Je présidais à l'époque la Commission
constitutionnelle du Sénat. Je tiens à exprimer l'espoir que l'Association des Sénats
d'Europe va promouvoir non seulement les contacts entre les Présidents des Chambres
hautes, les sénateurs, mais également entre les secrétaires généraux de ces chambres.
La chancellerie du Sénat de la république polonaise doit beaucoup à ces contacts et
coopère fructueusement avec le secrétariat des Sénats de certains pays européens.
J'ajoute que j'approuve entièrement le projet de statuts de l'Association des Sénats
d'Europe qui nous a été soumis.
M. Ivan Havlicek, Premier vice-président du Sénat de la République tchèque :
Le Sénat tchèque est sans conteste la chambre haute la plus récente parmi toutes les
chambres hautes ici représentées. Après une longue césure, il a été reconstitué en
1996. La Constitution de la République tchèque lui confie comme vocation principale
d'être le garant de la démocratie. Donc le Sénat de la République tchèque a pour
vocation de conforter la démocratie dans notre pays et nous recherchons un maximum
d'expériences afin d'être à même de jouer notre rôle de chambre haute la plus
récente. Je suis chargé de déclarer que le Sénat de la République tchèque confirme
pleinement la naissance de l'Association des Sénats européens et nous sommes prêts à
contribuer au succès de cette association dans la mesure du possible, évidemment, et
nous estimons également que les statuts, tels qu'ils ont été préparés, sont très
bien formulés, très bien rédigés, et nous sommes prêts à les soutenir.
Mme Esperanza Aguirre Gil de Biedma, Présidente du Sénat d'Espagne :
Mes premiers mots seront des mots de remerciement au Président Poncelet et à toute
son équipe de collaborateurs qui nous ont invités à nous réunir ici après le
14 mars dernier pour poursuivre nos travaux. Je les félicite pour la qualité de la
préparation de cette réunion, de son organisation, et je les félicite également de
cette idée, à savoir créer cette Association des Sénats d'Europe. Par ailleurs, je
salue mes collègues des autres pays qui vont former avec nous cette association, et je
dirai à ces collègues que le Sénat espagnol est convaincu de la nécessité du besoin
que nous avons de créer aujourd'hui cette association et ce pour un certain nombre de
raisons. Je ne vais pas les passer en revue exhaustivement, mais certaines me semblent
fondamentales. La première tient à la nécessité d'articuler les relations
institutionnelles des pays membres de l'Union européenne avec les pays candidats à
l'adhésion. La seconde, et le Président Poncelet le dit souvent lors des réunions
internationales, de même d'ailleurs que notre collègue belge et, il y a quelques
minutes, notre collègue des Pays-Bas, réside dans l'importance et l'utilité du système
bicaméral qu'il faut rappeler à l'opinion. En troisième lieu, il me semble que le
caractère territorial de bon nombre de deuxièmes chambres, notamment du Sénat espagnol,
correspond mieux à la géométrie ou à l'articulation des nouveaux Etats qui sont en
pleine phase de décentralisation. Pour toutes ces raisons, chers collègues, je vous
affirme que le Sénat d'Espagne appuie, et je dirai même appuie avec le plus grand
enthousiasme, la fondation de cette Association des Sénats d'Europe. Encore une fois, je
remercie M. Poncelet, notre Président, pour avoir mené à bien cette opération.
M. Mircea Ionescu Quintus, Président du Sénat de Roumanie :
Mesdames et Messieurs, chers Collègues, tout d'abord, veuillez me permettre de féliciter
nos hôtes, et tout spécialement M. Christian Poncelet, le Président du Sénat de la
République française, pour cette remarquable initiative - la création d'une
Association des Sénats d'Europe - car aujourd'hui, plus que jamais, se fait sentir
la nécessité d'une enceinte pour le dialogue interparlementaire sur des questions liées
à l'intégration européenne, enceinte qui puisse favoriser les échanges d'informations
et d'expériences, tant au niveau parlementaire qu'au niveau des administrations
parlementaires. Ensuite, je souhaite exprimer mes remerciements pour l'invitation à
participer à ce moment tellement important dans l'histoire du bicamérisme, qui
contribuera au renforcement de la dimension parlementaire de la coopération
internationale.
Ce n'est peut-être pas par hasard que, ces jours-ci, le Sénat de Roumanie se trouve à
l'heure du bilan : la fin d'une législature et, plus encore, d'une décennie d'oeuvre
législative dans la Roumanie de cette fin de millénaire. C'est avec une juste fierté,
je vous l'avoue, que j'ai pu constater que, dans l'ensemble, les lois élaborées pendant
la législature actuelle s'insèrent de manière organique, d'une part, dans l'esprit et
les principes fondamentaux du parlementarisme - le respect des valeurs universelles
de la liberté humaine et de la démocratie - et, d'autre part, dans le processus de
préparation de l'adhésion de la Roumanie aux structures européennes.
Ces principes fondamentaux se sont retrouvés aussi dans les débats du Sénat visant
l'adoption d'un cadre législatif moderne, adapté aux réalités roumaines qu'il va
réglementer, et, en même temps, harmonisé avec l'acquis communautaire, pour pouvoir
parcourir avec succès toutes les étapes de l'intégration de la Roumanie dans les
structures européennes. Dans cette perspective, on pourrait dire qu'ont été adoptés
des actes normatifs dans les domaines des transports, du travail et de la protection
sociale, de la justice, de la santé, de la politique extérieure, presque tous en
concordance avec les normes communautaires. Une fois de plus, l'adoption de ces
lois exprime, le plus éloquemment possible, l'option primordiale prise en vue de créer
le cadre législatif et permettant de promouvoir les valeurs européennes dans toutes les
dimensions de la réalité roumaine. Même si nous n'avons pas atteint au Sénat le niveau
souhaité, on a réussi quand même à adopter, dans une mesure importante, les lois
exigées par les réformes économiques et par la consolidation de l'Etat de droit.
En ce qui concerne une autre fonction de l'institution parlementaire, le contrôle
parlementaire, elle s'est basée sur les dispositions constitutionnelles et a agi par
l'intermédiaire des questions et des interpellations adressées au Gouvernement. Mais,
ici, un débat assez intense s'est manifesté au sujet des ordonnances d'urgence et,
peut-être, il serait nécessaire de définir plus rigoureusement les rapports entre le
Parlement et le Gouvernement, tant en ce qui concerne le régime des ordonnances d'urgence
que l'engagement de la responsabilité gouvernementale.
De même, je voudrais aborder, brièvement, l'implication du Parlement et, plus
spécialement, du Sénat dans la politique extérieure de l'Etat. La diplomatie
parlementaire s'est affirmée d'une manière authentique comme l'espace de l'intérêt
national partagé, où les adversités politiques ont été laissées de côté pour faire
place à un consensus réel et précieux de toutes les forces politiques parlementaires en
ce qui concerne les questions fondamentales, et surtout la stratégie de l'adhésion de la
Roumanie à l'Union Européenne.
Mais, comme dans le cas de tout bilan, outre les accomplissements, il faut
savoir aussi ce nous nous proposons pour l'avenir afin de donner plus de vigueur au
système démocratique roumain et afin d'assurer un fonctionnement plus efficace des
structures de l'Etat de droit.
Au cours de cette législature, on a eu des discussions relatives à la nécessité de
créer des différenciations plus nettes entre les deux Chambres : la Chambre des
Députés et le Sénat. On a dit que l'existence de deux Chambres ayant des pouvoirs et
des attributions parfaitement égales et élues de la même manière représente une
solution lourde et que l'on ressent la nécessité de prérogatives différentes et
complémentaires, de sorte à avoir un bicamérisme effectif. Je me réfère, par exemple,
au fait que le Sénat devrait jouir de prérogatives plus importantes dans le cadre de la
procédure d'adoption des lois organiques et des actes normatifs liés à la stratégie
d'adhésion de notre pays aux structures européennes ou visant la reprise de l'acquis
communautaire. De même, toute législation en matière de politique extérieure ou de
défense nationale relèverait de la compétence du Sénat.
Comme vous pouvez le voir, tant à présent qu'en perspective, nous sommes très
intéressés par l'examen de sujets concernant l'intégration européenne, car ce
processus est loin d'avoir atteint son terme. Il reste beaucoup à faire pour préparer
l'Etat et les structures économiques et sociales aux défis du XXIe siècle. Nous sommes
conscients que l'Europe est très exigeante en ce qui concerne la reprise de l'acquis
communautaire. Mais, que nous appartenions au pouvoir ou à l'opposition, il nous incombe
à tous, en tant que parlementaires responsables, de veiller à ce que le processus de
l'intégration - qui suppose aussi des sacrifices - ne soit pas discrédité aux
yeux de l'opinion publique et de ne jamais oublier que le destinataire de cette
architecture compliquée est le citoyen.
C'est pour cela que, en conclusion, je tiens à souligner que pendant cette phase où nos
parlements ont un rôle crucial à jouer, cette Association nous est très utile, car au
sein d'elle nous pourrons débattre et faire valoir notre expérience et nos idées.
M. Gernot Mittler, Président de la Chambre pour les Affaires européennes du Bundesrat
d'Allemagne :
Je commencerai moi aussi par vous remercier chaleureusement, Monsieur Poncelet, de cette
initiative que vous avez pris pour la seconde fois cette année puisqu'il s'agit de
réunir les représentants des deuxièmes chambres. Au mois de mars c'était les Sénats
du monde, cette fois-ci ce sont les Sénats d'Europe. Je voudrais également vous
remercier du cadre dans lequel s'inscrit votre accueil et vous traduisez par là
l'importance que vous accordez à cette réunion d'aujourd'hui.
Lorsque l'on voit autant d'Européens autour d'une même table, on est forcé de se
rappeler que la journée de demain, le 9 novembre, marquera le onzième anniversaire de la
chute du mur de Berlin. L'unification européenne a accédé ce jour-là à une nouvelle
dimension et a acquis une nouvelle vitesse. Quelqu'un qui raisonne en termes historiques
est parfaitement conscient de la chance que nous avons aujourd'hui d'accueillir ici
d'éminents représentants des pays de ce que l'on appelait à l'époque le bloc de l'Est.
Et je voudrais assortir ce constat d'une réflexion très personnelle. Je trouve que c'est
un honneur insigne pour quelqu'un comme moi d'être à cette table. Mon père a fait la
guerre en France ; mon père était en France comme soldat ; ensuite il a été
en France prisonnier. Mon fils a vécu en France, à Montpellier d'abord et ensuite à
Paris, où il a fait ses études de médecine, et il a fait également des stages dans ce
pays, et cela montre cette époque passionnante et heureuse de l'histoire que nous vivons
aujourd'hui. Les Européens s'unissent pour être plus forts face à l'extérieur ;
en réunissant les forces des uns et des autres, ils évitent qu'une concurrence
intérieure inutile ne fasse une fois de plus resurgir les nationalismes du passé. Mais
ce qui vaut face à l'extérieur, cette idée du renforcement par l'Union, doit également
guider le comportement des régions en Europe. Plus l'Europe s'agrandira, plus il sera
important que les régions aient un poids plus important dans cette structure d'ensemble.
Dans votre introduction, vous rappeliez, Monsieur le Président, les vertus du
bicamérisme. Pour l'Allemagne, je ne peux que pleinement souscrire à cette observation
et ma collègue Klaudia Martini l'a rappelé très clairement en mars dernier en
soulignant que les secondes chambres ont un rôle éminent dans la préservation de
l'identité régionale et territoriale. En Allemagne, le système bicaméral est depuis
longtemps une partie intégrante, non seulement de notre loi constitutionnelle, mais aussi
de notre réalité constitutionnelle. Par conséquent, il faudra prendre en considération
les singularités de nos régions dans le contexte européen, et il faudra laisser à nos
provinces et à nos régions la possibilité de s'exprimer. L'ambition européenne
réussira d'autant mieux que les citoyennes et les citoyens accepteront ce processus, et
cette acceptation de la part de la population européenne dépendra de cette
identification à la diversité dans la construction européenne. Et tout cela supposera
des structures, et je vous sais gré, Monsieur le Président, d'avoir pris l'initiative en
ce sens.
Vous avez bien voulu nous proposer un projet de statuts sur lequel serait fondé le
travail futur, je m'en félicite vivement. Je dois néanmoins émettre une petite réserve
d'ordre chronologique qui tient à une spécificité allemande. Après-demain, le
Président du Bundesrat changera. Le ministre président de mon Land sera remplacé pour
un an par le ministre président du Land de Saxe. En cette période d'alternance, nous
n'avons pas pu procéder à la concertation nécessaire au sein de notre chambre. Donc je
serais heureux que vous preniez note de ma demande de ne procéder à l'adoption formelle
de ce projet qu'après une consultation formelle du Bundesrat. Soyez assuré que nous
n'allons pas rester sur le bord du chemin, soyez assuré que le Bundesrat voudra prendre
pleinement part à cette nouvelle instance. En effet, il importe de donner un contenu
concret à ces excellentes intentions.
M. Christian
Poncelet :
En raison des
circonstances, de l'alternance pour la présidence du Bundesrat, nous acceptons bien
volontiers que vous différiez quelque peu votre réponse, mais celle-ci ne laisse aucun
doute après les propos que vous avez prononcés. Je pense que mes collègues seront
d'accord pour vous donner quelque délai de réflexion complémentaire pour pouvoir
consulter la présidence nouvelle du Bundesrat.
M. Tone Hrovat, Président du Conseil national de Slovénie :
Monsieur le Président, permettez-moi de vous remercier en mon nom propre et au nom du
Conseil slovène de votre initiative. Je vous remercie aussi bien de l'initiative pour le
forum des Sénats du monde que pour l'initiative d'aujourd'hui. La Slovénie est un jeune
Etat qui fait ses débuts dans la démocratie et il est important pour notre Conseil
d'agir dans le cadre bicaméral. Le système bicaméral n'a pas une longue tradition en
Slovénie, nous n'avons été que plus attentifs aux expériences et aux conseils des
Etats qui pratiquent ce système depuis longtemps. C'est l'occasion de remercier une fois
de plus tous ceux qui nous ont aidés sur le chemin du bicamérisme. Je remercie
particulièrement le président Poncelet et le Sénat français. Il y a bien d'autres
Sénats que je devrais nommer, mais le temps presse. Permettez-moi de féliciter le Sénat
français et son président de l'élaboration excellente du projet de statuts qu'on nous a
soumis. Nous faisons partie des Etats qui ont quitté un système totalitaire pour la
démocratie. Peut-être n'avons nous pas encore trouvé toutes les formes nécessaires et
le fonctionnement de notre système bicaméral est peut-être encore à parfaire. C'est
l'occasion pour moi d'inviter le président français et mes autres collègues des Sénats
européens à se rendre en Slovénie. Nous pourrions discuter des problèmes que pose
l'introduction du système bicaméral dans une jeune démocratie. Je souhaite vous
proposer que l'année prochaine ou l'année suivante nous tenions une réunion en
Slovénie sur l'introduction du système bicaméral dans les jeunes démocraties. Une fois
de plus je remercie le président français de l'initiative d'aujourd'hui et de l'aide que
vous nous avez apportée dans l'élaboration du bicaméralisme en Slovénie.
M. Christian
Poncelet :
Je vous remercie
de votre pertinente intervention. En ce qui nous concerne, nous observons avec
satisfaction les efforts importants que vous réalisez pour être en mesure d'entrer dans
les meilleurs délais dans l'Union européenne. Vous vous appliquez à vous-même cette
fameuse formule : " Aide-toi, le ciel t'aidera ". Vous
nous avez invités à nous rendre en Slovénie. C'est avec plaisir que nous nous y
rendrons, mais il appartiendra tout à l'heure à nos collègues, car il y a plusieurs
candidatures, de décider du lieu de la prochaine réunion sur la base d'une rotation qui
nous permettra de nous rendre successivement dans tous les pays qui composent cette
association.
M. Bruno Frick, Président de la Commission des Affaires extérieures du Conseil des
Etats de Suisse :
Tout d'abord, je tiens à vous remercier très chaleureusement de votre initiative et de
votre accueil cordial ici au Palais du Luxembourg.
Le système bicaméral suisse remonte à 1848, c'est-à-dire à la fondation de la
Confédération suisse. Les deux chambres jouissent de pouvoirs absolument égaux. Dans
tous les pays qui le pratiquent, le bicamérisme a deux vertus principales ; il
permet une représentation plus variée de la population et il assure une délibération
plus approfondie des lois. Alors que le Conseil national représente le peuple suisse et
compte 200 députés, le Conseil des Etats assure la représentation des cantons et
compte seulement 46 membres (deux représentants par canton). En Suisse, la Chambre des
cantons est le dépositaire des structures fédéralistes et du principe de subsidiarité.
Elle permet de ce fait aux petits cantons de faire entendre la même voix que les grands
frères. Le prestige de la Chambre haute remonte au début du siècle, plus précisément
depuis son élection par le peuple et non plus par le Parlement cantonal. Le travail en
commission s'étant développé, les députés aux Etats, précisément parce qu'ils sont
moins nombreux, sont d'autant plus sollicités. Les textes sont examinés sous des angles
différents en fonction d'intérêts différents. Ils sont cousus plutôt deux fois
qu'une. La Chambre haute joue le rôle essentiel de chambre de réflexion.
Ce bref rappel historique de notre héritage civique étant posé, je me permets de
rappeler dans cette enceinte prestigieuse l'importance des vocables
" échange " et " communication ". Toute attitude
envers la communication est fonction d'une vision générale de l'homme et de la
société. En effet, toute volonté de communication implique les notions d'interaction,
de construction conjointe, de mise en commun des connaissances et des réalités.
L'interaction suscitée par l'Association des Sénats d'Europe constituera à n'en point
douter un moyen efficace de privilégier la communication et l'argumentation politiques.
" Comprendre
pour mieux communiquer, communiquer pour mieux gouverner " pourrait être la
devise de notre future Association des Sénats d'Europe.
Votre projet d'Association des Sénats d'Europe, Monsieur le Président Poncelet, a
d'emblée suscité un vif intérêt auprès de notre Président du Conseil des
Etats,
notre Sénat. Je vous fais part aujourd'hui du soutien sincère et de la participation de
mon pays à votre initiative. Permettez-moi également d'ouvrir ici une parenthèse, de
vous féliciter pour une autre de vos initiatives, à savoir les stages en entreprise
effectués par certains de vos sénateurs. L'une comme l'autre tendent à resserrer les
liens entre les politiques et les acteurs de l'économie et de la vie sociale. L'une comme
l'autre militent en faveur d'une démocratie de proximité, garante d'un partage des
préoccupations et des expériences communes, garante également d'une défense de la
démocratie, de l'équilibre des pouvoirs et du respect des intérêts des collectivités
territoriales. Et c'est donc avec confiance et enthousiasme que nous répondrons présent
à la prochaine réunion annuelle des présidents tout en approuvant votre proposition
d'inscrire à son ordre du jour un thème convenu par avance.
M. Carlo Rognoni, Vice-Président du Sénat d'Italie :
Sans plus attendre, j'aimerais vous dire, Monsieur le Président, à quel point la
présidence du Sénat italien appuie l'initiative qui a été proposée. Ceci étant,
cette ambiance amicale de la réunion d'aujourd'hui me pousse à un effort de sincérité
et je me dois de faire état de l'état d'esprit, non sans contradiction, avec lequel nous
avons assisté à cette initiative en Italie. Pourquoi cette contradiction ?
Parce que, d'une part, nous sommes amenés à la plus grande prudence face à des
initiatives qui pourraient être l'antichambre ou le premier mouvement d'une rupture
possible de la réalité italienne, laquelle prévoit un bicamérisme complet. En Italie,
il est essentiel, pour faire fonctionner la machine législative, d'avoir une action des
deux Chambres. Je me rappelle que le président de la Chambre du Canada, lors d'une
rencontre à New York à l'occasion d'une réunion du G8, avait fait valoir le point de
vue opposé et que j'avais tenu à souligner que la parité était essentielle dans la
République italienne entre les deux Chambres.
Mais nous sommes, d'autre part, très intéressés par la proposition de M. Poncelet et
par cette enceinte qui serait ouverte à des pays qui ne sont pas encore membres de
l'Union européenne et à d'autres pays qui, sans doute, ne le seront jamais. Nous sommes
intéressés par cette idée aussi en raison de la réalité politique italienne.
L'élection des présidents des régions italiennes, qui s'est faite pour la première
fois au printemps dernier, a amorcé un processus de réforme institutionnelle qui
pourrait nous mener, à terme, vers le fédéralisme et vers l'octroi d'un plus grand
pouvoir aux régions.
Or cette tendance à la décentralisation administrative, à la redistribution des
pouvoirs du centre vers la périphérie, qui est liée à l'élection directe du
président des régions en Italie, a ouvert un débat sur le rôle et sur l'avenir des
deux Chambres. Je suis donc très intéressé, au même titre d'ailleurs que tous les
autres sénateurs italiens, par les différentes modalités du bicamérisme. Comment peut
fonctionner ce système dans les différents pays ? Comment peut-on représenter les
territoires ? Comment peut-on le mettre en oeuvre au mieux et comment l'exercer au
mieux, étant entendu que l'objectif qui est le nôtre, c'est améliorer autant que faire
se peut la qualité de notre fonctionnement démocratique ?
Je vous remercie, Monsieur le Président, et je vous rappelle encore à quel point nous
adhérons à cette idée d'Association.
M. Armand de Decker, Président du Sénat de Belgique :
Monsieur le Président, je voudrais avant toute chose vous féliciter. Parce que
indiscutablement le Sénat français, sous votre Présidence, est devenu le meilleur, le
plus dynamique, le plus efficace, le plus chaleureux et le plus hospitalier des
défenseurs du bicamérisme auquel les uns et les autres nous tenons tant, mais qui
pourtant fait régulièrement l'objet d'interrogations, voire d'agressions. Vous avez eu
l'excellente idée d'organiser le Forum des Sénats du monde au Palais du Luxembourg, il y
a quelques mois, et je suppose que tous les collègues ici présents qui ont assisté à
cette réunion ont, comme moi-même, jugé que cette réunion était d'un intérêt tout
à fait exceptionnel. Nous avons pu, à cette occasion, mesurer que, pour les grands Etats
comme pour les plus petits Etats, pour les Etats fédéraux comme pour les Etats
centralisés, pour les monarchies comme pour les républiques, pour les régimes
présidentiels comme pour les régimes parlementaires, le bicaméralisme est utile à la
défense des valeurs démocratiques.
Vous avez bien fait, Monsieur le Président, de nous rappeler dans votre
introduction, non seulement que le système bicaméral permet une meilleure
représentation des entités territoriales de nos différents Etats, mais aussi que le
bicamérisme en soi est un élément de démocratie tout à fait fondamental par le
principe contradictoire qu'il introduit, par le délai, par le temps qu'il implique, par
le système de la navette législative qui donne à chaque corps de la société civile de
nos Etats le temps de réagir par rapport à des initiatives gouvernementales, ou à des
initiatives parlementaires. Je vous félicite une fois de plus d'avoir pris cette
initiative de créer une Association des Sénats européens parce que cela nous donnera
l'occasion, non seulement d'échanger nos expertises, nos expériences et donc de nous
renforcer en apprenant beaucoup les uns des autres.
Déjà ce matin, je trouvais que les exposés de nos collègues étaient particulièrement
intéressants dans la mesure où, très diversifiés, ils exprimaient les préoccupations
des différents Sénats, selon les Etats. Le Président Korthals Altes a rappelé que ce
sont les Belges, pendant les quinze années de notre vie commune au sein des Pays-Bas, qui
ont combattu pour obtenir une deuxième Chambre aux Pays-Bas, dans le but de garantir les
intérêts belges. Il n'empêche qu'aujourd'hui parfois aux Pays-Bas, M. Korthals
Altes l'a dit, la première chambre est parfois mise en question. De même, chez nous, qui
nous sommes battus au sein des Pays-Bas pour créer ce Sénat, qui avons un Sénat depuis
notre indépendance en 1830, régulièrement, revient le débat sur l'utilité du
bicamérisme. Et dès lors je pense vraiment que l'Association que nous créons
aujourd'hui est fort importante pour la défense même du système bicaméral en soi et la
mise en valeur de ses qualités intrinsèques.
Maintenant, je voudrais me situer au niveau européen. Nous vivons la réconciliation
européenne, nous vivons le retour de l'histoire européenne dans son juste rythme et dans
sa démarche naturelle et nous devons en profiter. Je pense que nous pourrions nous servir
de l'Association des Sénats d'Europe pour aider nos amis de l'Europe orientale dans leur
processus d'adhésion à l'Union européenne, dans ce processus très difficile auquel ils
vont être confrontés de l'introduction de l'acquis communautaire dans leur législation
nationale. Hier, le Parlement belge, Chambre des Représentants et Sénat, a signé un
protocole de coopération avec le Parlement slovaque. C'est pour nous le premier accord de
coopération de ce genre et de cette importance. Pendant les deux prochaines années,
trois délégations successives de sept parlementaires slovaques viendront passer un
certain temps au Parlement belge ; trois délégations de fonctionnaires du Parlement
slovaque viendront au Parlement belge de la même manière. Mais évidemment nous n'avons
pas les moyens de multiplier ce genre d'initiatives à l'infini et nous devons choisir
quelques Etats avec lesquels nous pouvons le faire. Mais je pense que tous ensemble ici
nous pourrions très certainement nous répartir la tâche et aider les pays candidats à
l'Union européenne dans cette approche du problème de l'introduction de la législation
européenne dans leur propre législation.
Et puis, Monsieur le Président, vous avez dit dans votre introduction qu'un des thèmes
que nous pourrions aborder est la question du contrôle de la politique européenne par
nos secondes chambres. Je suis persuadé que nous sentons tous fort bien que la
construction européenne est un peu à la croisée des chemins et que la forme, les
institutions de l'Union européenne, ne sont plus adaptées à une Europe qui, demain,
devra fonctionner à 25, à 28, peut-être à 30. Etant donné que pour nous, Belges, la
construction européenne est avant tout un projet politique et non pas seulement la
volonté de créer un grand marché économique, nous voulons que l'Union européenne
serve à multiplier les pôles de la vie politique du monde ; nous sommes un peu
fatigués du monde unipolaire dans lequel nous vivons, où les Etats-Unis sont la seule
véritable grande puissance du monde et détermine, d'une manière démesurée, le destin
des autres habitants de la planète. L'Union européenne est un projet qui vise à
rééquilibrer cela, et dès lors qu'on travaillera dans cette voie, il faudra approfondir
l'Europe et la question de la Constitution européenne sera posée. Le ministre allemand
des Affaires étrangères, M. Fischer, l'a posée, au bon moment. Le Président Chirac y a
réagi ; d'autres ministres et Premiers ministres ont réagi à cette initiative, et
il me paraît évident que, lorsque l'Union européenne aura progressé vers une entité
plus forte, la question du bicaméralisme de l'Union européenne se posera. Il n'existe
pas d'Etat fédéral unicaméral, nous le savons bien. Je l'ai dit un jour, dans un
discours à l'Assemblée de l'UEO qui portait sur le contrôle de la politique étrangère
et de sécurité commune de l'Union, le contrôle parlementaire sur une politique
intergouvernementale de l'Union ne peut pas être exercé uniquement par le Parlement
européen. Il est évident que les parlements des Etats membres de l'Union qui prennent la
décision d'envoyer des troupes sur le terrain pour des missions de paix, qui votent les
budgets de la défense et des affaires étrangères, resteront concernés encore très
longtemps par la politique étrangère et de sécurité commune de l'Union. Et dès lors,
il faudra trouver une entité parlementaire européenne. Une entité collective
différente de la COSAC où les parlementaires arrivent d'une manière nationale autour
d'une table, à la différence du Parlement européen, du Conseil de l'Europe, de
l'Assemblée de l'UEO. Il faudra cela pour le contrôle des politiques
intergouvernementales de l'Union européenne, et dès lors la question du bicamérisme
européen se posera. Je crois, mais je parle là en mon nom personnel, que notre
Association pourrait à un certain moment y réfléchir.
Tout ça pour dire, Monsieur le Président, que je me réjouis de votre initiative, que le
Sénat belge la soutient totalement, que nous sommes parfaitement d'accord avec votre
projet de statuts, qui paraissent tout à fait équilibrés. On y ressent d'ailleurs
l'expérience de la Conférence des Présidents des parlements de l'Union européenne, et
c'est une bonne chose. Comme nous tenons aujourd'hui une première réunion constitutive,
je propose que la première réunion réelle de notre assemblée se tienne à Paris,
Monsieur le Président, parce que vous aurez porté la responsabilité de cette
initiative. Quand cela sera fait, je serai très heureux de pouvoir, à mon tour, vous
accueillir à Bruxelles lorsque notre Association le souhaitera utile.
M. Johann Payer, Président du Bundesrat d'Autriche :
Au début de mes propos, permettez-moi de vous remercier de nous avoir invités à cette
réunion et de vous remercier de cette initiative du Sénat français de réunir les
secondes chambres des pays membres de l'Union européenne et des pays candidats.
Alors que les premières chambres de nos parlements ont plus ou moins les mêmes
fonctions, les finalités des secondes chambres sont très diverses. Le Bundesrat
autrichien est une chambre fédérale, c'est la chambre qui représente les länder, les
provinces autrichiennes. Nos neuf länder autrichiens ont eu un rôle majeur lors de la
création de l'Etat autrichien, et par conséquent il est tout à fait dans la logique de
notre Constitution d'offrir aux länder un rôle de poids dans le travail législatif. Les
membres de notre seconde chambre sont élus indirectement par les parlements provinciaux.
Le Bundesrat a pour rôle de préserver et d'assurer le fédéralisme.
Il y a beaucoup de secondes chambres en Europe qui sont très différentes de celle que
j'ai l'honneur de représenter aujourd'hui. Face à cette diversité d'objectifs, de
finalité, de composition, on relève néanmoins des convergences qui méritent d'être
explorées. Ces convergences, ces points communs, sont parfaitement exprimés dans le
préambule du projet qui nous a été communiqué. C'est un défi auquel nous sommes
nombreux à être confrontés qui tient au fait que les secondes chambres doivent sans
cesse justifier leur existence, justifier leur travail et justifier leur nécessité
politique. Dans un tel contexte, nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. Nous
pourrions encore, en nous projetant dans l'avenir, observer un certain nombre
d'évolutions, de développements sociétaux dont nous pourrions discuter ensemble, et sur
lesquels nous pourrions travailler dans nos parlements nationaux, non pas parce que nous
décidons de ces évolutions sociales mais parce qu'elles nous paraissent importante pour
chacun d'entre nous et pour nous tous ensemble. Voilà pourquoi je suis fondamentalement
favorable à une coopération des secondes chambres en Europe.
Le projet de statuts, que j'ai reçu il y a quelques jours, appelle néanmoins un débat
approfondi dans la chambre autrichienne que je représente. Et nous n'avons pas eu le
temps d'en débattre de façon détaillée. Or, cela est notamment nécessaire pour le
Bundesrat autrichien parce qu'il y a une alternance de la présidence semestrielle et je
risquerai aujourd'hui de m'engager au nom du président qui va me succéder.
Ma présidence arrive à échéance au 31 décembre 2000, et pour le prochain
semestre, ce sera un autre land qui aura la présidence de notre Bundesrat.
Cela dit, je peux déjà dire à titre personnel que l'Autriche ne restera pas sur le bord
de la route. Il y a quand même un point que je voudrais évoquer complètement,
peut-être faudrait-il réfléchir à la possibilité d'organiser les réunions de
l'Association, pour des raisons de coût et de temps, en marge de l'une des réunions
interparlementaires qui se réalisent déjà entre les pays européens ou les pays de
l'Union européenne. Il ne s'agit pas de préparer ces autres réunions ; il s'agit
d'avoir nos sujets à nous, mais de raccrocher nos réunions à des rencontres qui se
tiennent de toute façon dans les différents pays d'Europe. Je voudrais remercier
vivement le Sénat français et son président, M. Poncelet, d'avoir formulé cette idée
d'une coopération et d'avoir pris l'initiative de cette conférence.
M. Pjer Simunovic, chargé d'affaires près l'Ambassade de Croatie en
France :
Monsieur le Président, le Sénat croate, la Chambre des Districts, présente ses excuses
les plus sincères pour ne pas avoir pu envoyer ses parlementaires à la réunion
fondatrice de l'association des Sénats d'Europe en raison de la maladie qui a empêché
Madame la Présidente. J'informerai le Sénat croate, qui est extrêmement désireux de
prendre sa place dans l'Association des Sénats d'Europe, des propos tenus au cours de
cette réunion fondatrice. Enfin, je vous prie de me permettre de le dire comme diplomate
de profession, je suis très heureux de voir aujourd'hui un exemple si réussi de la
diplomatie parlementaire qui représente un élément indispensable du processus de la
coopération entre les nations démocratiques sur notre continent et de l'intégration
européenne qui est notre but commun. Je ne dis pas cela seulement parce que la diplomatie
parlementaire facilite notre tâche à nous, comme diplomates professionnels, mais parce
qu'elle a une valeur par elle-même. Nous ne pouvons que saluer de tout notre coeur cette
réunion fondatrice et remercier la présidence française et Monsieur Poncelet
personnellement pour son initiative et son enthousiasme.
M. Marc Besch, Secrétaire général du Conseil d'Etat du Luxembourg :
Je vous remercie Monsieur le Président, et je tiens à vous féliciter au nom du Conseil
d'Etat luxembourgeois, de votre excellente initiative visant à créer une Association
afin de permettre d'établir des relations plus étroites entre les Sénats d'Europe. Le
Conseil d'Etat est très honoré d'avoir été pressenti pour faire partie, en tant
qu'observateur, de cette Association. En mai dernier, j'ai eu le plaisir d'assister à la
création d'une Association des Conseils d'Etat et autres juridictions administratives.
Donc, on constate que le droit communautaire et la construction communautaire poussent les
institutions à avoir des échanges plus étroits pour mieux intégrer le droit
communautaire en droit national, comme vous l'avez dit au début de votre intervention, et
pour faire des textes législatifs d'une qualité supérieure.
Comme le montre notre nom, nous ne sommes pas un Sénat, nous sommes bel et bien un
Conseil d'Etat. Les petits pays ont parfois de ces particularités qui peuvent étonner
parce qu'elles ne rentrent pas dans l'une ou l'autre catégorie. En fait, nous ne sommes
pas non plus un vrai Conseil d'Etat, ou du moins nous ne sommes plus un vrai Conseil
d'Etat. En effet, nous avons perdu le Comité du contentieux, donc la mission
juridictionnelle, il y a trois ans, à la suite d'un arrêt de la Cour des droits de
l'Homme de Strasbourg. Nous n'avons plus qu'un rôle consultatif, assorti toutefois d'une
mission relevant plutôt d'un Sénat ou d'une deuxième chambre. En effet, le Luxembourg
ne connaît pas de Sénat. Il faut savoir, pour remonter un peu dans l'histoire, qu'en
1848 nous avons copié la Constitution belge de 1830 qui a été, à cette époque-là, un
modèle de libéralisme, sans toutefois reprendre un chapitre très important, celui du
Sénat. En effet, le constituant a estimé que le Luxembourg était trop petit pour créer
un vrai Sénat. Bien évidemment, on a dû quand même très vite se rendre compte que ce
système-là, et cela rejoint un peu votre objectif, a été très déficitaire. En effet,
la chambre des députés était apte à faire des lois à la va-vite, sans prendre le
temps de vérifier si ces lois étaient praticables, si elles étaient conformes à la
Constitution ou aux normes supérieures.
C'est pour cela que le Conseil d'Etat a été créé en 1856, avec une vocation
consultative. C'était à cette époque là le conseiller de la Couronne ; il devait
émettre un avis sur tout projet de loi, sur toute proposition de loi, ainsi que sur tous
les amendements. Le Conseil d'Etat luxembourgeois se distingue des Conseils
d'Etat de nos
pays voisins dans la mesure où il intervient à tous les stades de la procédure
législative, et bien évidemment aussi réglementaire. Nous sommes souvent enviés par
nos collègues des Conseils d'Etat voisins pour cette mission qui est toujours la nôtre.
Il y a eu une révision constitutionnelle assez fondamentale en 1868, et la question du
Sénat y fut examinée une nouvelle fois. C'était le Conseil d'Etat qui proposait la
création d'un Sénat. Or, le constituant n'a pas suivi le Conseil d'Etat sur ce point, à
nouveau avec les mêmes arguments que ceux qui avaient prévalu en 1848. Mais il a trouvé
une solution, je dirai à la luxembourgeoise, dans la mesure où tout projet de loi ou
toute proposition de loi doit faire l'objet d'un deuxième vote au plus tôt trois mois
après le premier vote, toujours par la chambre des députés, avec la faculté toutefois
pour le parlement de se dispenser de ce second vote, lorsqu'intervient le Conseil
d'Etat.
Ce n'est qu'avec l'accord du Conseil d'Etat que la chambre peut se dispenser de ce second
vote. La règle en fait est devenue l'exception ; le Conseil d'Etat en effet émet sa
dispense de second vote dans 99 % des cas, étant donné qu'il est suivi dans ses
avis. Pour les projets de révision constitutionnelle, la consultation du Conseil
d'Etat
et la procédure de dispense du second vote jouent également.
Cependant, le Conseil d'Etat n'est pas directement élu par le peuple, à l'instar
d'autres Sénats ou d'une région du territoire luxembourgeois. Au Luxembourg, il y a un
certain nombre de personnes qui critiquent le fait que le Conseil d'Etat n'est pas
directement élu.
En fait, nous ne sommes pas vraiment un Conseil d'Etat, et nous ne sommes pas vraiment un
Sénat. Nous sommes entre les deux. Je tiens donc à vous remercier d'avoir invité le
Conseil d'Etat à prendre part à vos travaux. Nous y trouvons un grand intérêt car il y
a un certain nombre de problèmes qui se posent aussi pour nous ; par exemple la
question de savoir ce qu'est un amendement ; c'est une question qui se pose pour les
Sénats en principe ; également l'intégration du droit communautaire dans le droit
national ; le souci de faire de bonnes lois qui puissent être appliquées en
pratique et qui respectent les normes de droit supérieur telle la Constitution et le
droit international. Je tiens encore une fois à réitérer mes félicitations à Monsieur
le Président Poncelet et à vous remercier de nous accorder le statut d'observateur.
A l'issue de ce débat, le projet de statuts soumis aux participants a été adopté
sans modification, sous réserve des confirmations qui devront être formulées par le
Bundesrat allemand et le Bundesrat autrichien, en raison du changement de leurs
présidents.
L'Association a ensuite débattu des dates et thèmes de ses prochaines réunions.
Prochaines
réunions de l'association
M. Christian
Poncelet, Président du Sénat de la République française :
Je vous propose que la première réunion effective de l'Association se tienne ici même,
au Palais du Luxembourg, le 6 juin 2001.
Le thème pourrait être " Les Sénats européens et la représentation
des collectivités locales ". Car cela a été dit à plusieurs reprises, il
y a les populations à représenter, mais il y a aussi les territoires à représenter. Et
nous devons veiller à ne pas laisser des territoires en déshérence tandis que l'on
concentre les populations sur des grandes cités dont l'administration est difficile, dont
la sécurité est difficile à assurer.
Ces territoires doivent être irrigués par des moyens de communication, ils doivent être
équipés, ils doivent disposer de structures enrichissantes dans le domaine de la
culture, du sport et autres, si l'on veut éviter une fracture territoriale. Un
territoire, de quelque pays que ce soit, qui se sentira à l'écart de la démarche
européenne se désintéressera de l'Europe ; et voilà l'amorce éventuelle d'une
scission. C'est une obligation forte de représenter les territoires. C'est pour cela que
le thème que je vous proposerai est le suivant : les Sénats européens et la
représentation des collectivités territoriales, c'est-à-dire aussi la représentation
des territoires.
Notre seconde réunion pourrait se tenir, soit en Belgique, soit en Slovénie, puisque je
suis saisi de ces deux propositions. Elle pourrait se tenir en octobre 2001.
Nous pourrions d'ailleurs d'ores et déjà fixer le lieu de la troisième réunion. Si la
deuxième réunion se déroule en Belgique, la troisième pourrait se tenir en Slovénie
ou inversement.
Sur ces propositions, qui désire intervenir ?
M. Armand de Decker, Président du Sénat de Belgique :
Monsieur le Président, je partage tout à fait votre analyse et votre proposition. En ce
qui concerne la candidature de la Belgique, je la proposais aussi parce que, pendant le
second semestre de l'année 2001, la Belgique exercera la présidence de l'Union
européenne. On pourrait peut-être profiter de cette présidence pour aborder certains
sujets, et cela serait peut-être plus facile pour nous pendant cette présidence pour
l'organiser. Mais je comprends parfaitement le point de vue de la Slovénie ;
peut-être pourrait-on s'entendre pour que la seconde réunion se tienne pendant le second
semestre, sans doute dans le dernier trimestre 2001, en Belgique, et la troisième
réunion en Slovénie.
M. Christian
Poncelet :
La
Slovénie est-elle d'accord avec cette proposition ?
M. Tone Hrovat, Président du Conseil national de Slovénie :
La Slovénie est d'accord. Il s'agit d'événements importants et nous serons heureux
d'apporter notre contribution à la réunion suivante.
M. Christian
Poncelet :
Donc il y a un
accord entre les deux candidats. La première réunion se tiendra au Palais du Luxembourg,
à Paris le 6 juin 2001. La deuxième réunion aura lieu en Belgique, en octobre
2001. Et la troisième réunion aurait lieu en juin 2002 en Slovénie. En juin prochain,
on arrêtera les thèmes pour les réunions à venir.
Mme Esperanza Aguirre Gil de Biedma, Présidente du Sénat d'Espagne :
Puisque quelques uns de nos collègues ont fait valoir qu'il serait utile que les
réunions profitent de l'organisation des réunions des Présidents des Parlements de
l'Union européenne, et puisque l'Espagne va organiser la réunion des Présidents des
Parlements de l'Union européenne en 2002, en coïncidence avec la présidence espagnole
de l'Union européenne, peut-être pourrions-nous organiser alors cette réunion des
Sénats d'Europe ?
M. Christian
Poncelet :
C'est un
argument fort que vous venez de développer. Donc, nous pourrions retenir le principe que
la quatrième réunion se tiendra en Espagne.
Nous avons déjà un programme assez complet. Mais d'ores et déjà j'invite les uns et
les autres à réfléchir pour qu'on puisse établir un programme plus complet. Je
souhaiterais qu'on puisse établir un programme qui va concerner tous les pays qui
participent à l'Association, puisque nous avons décidé de tenir chaque année la
réunion dans un pays différent. Il faut maintenant réfléchir aux thèmes.
Y a-t-il des observations ?
M. Bruno Frick, Président de la commission des Affaires extérieures du Conseil des
Etats de Suisse :
Monsieur le Président, permettez-moi de soulever une question concernant les pays qui
sont malheureusement absents aujourd'hui : l'Angleterre et l'Irlande. Nous nous
demandons si nous ne devons pas faire un effort pour les persuader de faire partie de
notre Association.
M. Christian
Poncelet :
Merci de cette
excellente initiative. Bien évidemment nous avions invité nos amis anglais et irlandais.
Nous allons leur envoyer le compte rendu de nos travaux. Peut-être pourrions-nous y
ajouter, si vous en êtes d'accord, le souhait exprimé par l'unanimité des membres de
notre Association de bien vouloir nous rejoindre.
Je ne veux pas être inélégant à l'égard de nos amis. Je les aime beaucoup. Mais c'est
une habitude chez eux de prendre leur temps. Ils ont pris leur temps pour entrer dans la
Communauté. Ils le font aujourd'hui pour l'entrée dans l'euro. Par conséquent ils
arriveront après un certain délai à notre Association, mais je suis persuadé qu'ils
viendront, et nous serons heureux de les accueillir.
Si vous êtes d'accord, nous pourrions ajouter au compte rendu de nos travaux une sorte
d'invitation renforcée, le voeu exprimé, que pour la prochaine réunion ils nous
rejoignent.
(Il en est ainsi décidé).
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